Le chanteur Arno a beau être ostendais, c’est une figure de Bruxelles . Ce néerlandophone installé dans le quartier Dansaert a sur sa ville et le pays un regard de Belge, d’Européen, d’artiste et de poète surréaliste. Un vrai plaisir !
Dans le Bruxelles d’Arno, il y a un centre. Avec des pavés qui accueillent les pieds de tout le monde. Ce qui en fait un centre du monde. Bien au-dessus des pieds, il y a des bouches parlant toutes les langues de l’Europe et bien plus encore et ça, c’est “vachement bien”. Il l’a même chanté dans une chanson époque TC Matic qui lui est venue lorsqu’arrivé un soir à la gare du Nord, il a entendu des annonces dans toutes les langues... Et attrape une guitare pour montrer comment il a trouvé le “beat” en jouant sur les cables à l’arrière de l’instrument. Jouer, chanter, parler... En gros, il ne sait faire que ça. “J’ai deux mains gauches, moi”, ce qui l’a quand même conduit à une carrière rocambolesque mais solide et à un rayonnement international... qui n’a pas bouleversé meneer Hintjens. Jouer la star, “Ouh, quel boulot ce serait ! Et j’aime pas travailler”.
Enfiler les dates de concert par contre, c’est oui. “Sans le public, je serais fucking nobody. Alors je le respecte. Vraiment. Et de Moscou à Hanoï, il n’y a pas de différence, je joue pour des gens... avec deux trous dans le nez !”, affirme-t-il, triomphant devant cette définition très personnelle de ses fans. Et il en sort, des expressions déconcertantes. Venues peut-être de ses nuits au bar ou passées à la guitare ou encore de son français parfois hésitant à l’accent entre rauque et flamand. La mèche dans l’oeil, il continue à parler, de tout, de rien, entre connivence et... vent. Le meilleur moyen de se cacher vraiment, depuis tout ce temps ?
Un Flamand à bruxelles
Ca n’est pas parce qu’il en est à son 32e album qu’Arno est uniquement branché musique. Etre Européen, Belge, Flamand de Flandre installé depuis des lustres à Bruxelles avec un bureau à Paris, ça lui parle aussi. “L’Europe devient de plus en plus grande et, à côté de ça, la Belgique est de plus en plus petite... “narrow”. La politique est concentrée sur du local”, remarque-t-il en embrassant d’un regard la vue des toits hétéroclites de Bruxelles du haut de sa terrasse. “Regarde ça. Quel bazar ! Et c’est ça Bruxelles, un gros mélange : quand tu y arrives, c’est n’importe quoi et puis tu t’habitues et tu commences à comprendre à l’instinct, gagné par le surréalisme certainement !”
Lui, on le comprend plutôt comme un Belge : dans le cadre de l’organisation d’un événement “article 27” au Bota et à l’AB, un groupe francophone avait été désigné. Côté flamand cela restait à décider. “Et moi alors ?”, demanda Arno, initiateur du projet. “Mais toi tu… es Belge !”, lui répondit-on. Ce Flamand de Bruxelles en rigole encore. “Je n’ai pas de frontière, moi : Paris est à 1h20 de Bruxelles, autant dire que c’est la banlieue… De toute façon, à Bruxelles, c’est le joyeux bordel, on y parle au moins quatre langues : français, anglais, arabe et néerlandais. Il faut s’y faire ! C’est ça un centre du monde… ”
Un univers qui continue à l’inspirer :puisqu’il écrit ses chansons comme il parle et surtout comme il vit et comme il rencontre (et dans toutes les langues) “Françoise” est une vraie chanson de bar... source d’histoires toujours renouvelées !
(Source: la Tribune de Bruxelles)
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